Attendu avec ferveur, le pape François s’est envolé mardi pour une visite de quatre jours en République démocratique du Congo en proie à des violences endémiques, première étape d’un voyage qui le mènera ensuite au Soudan du Sud.
L’avion du souverain pontife a décollé de Rome à 08H28 (07H28 GMT) et doit atterrir vers 15H00 (14H00 GMT) à l’aéroport international de Kinshasa, capitale du plus grand pays catholique d’Afrique où il devrait être accueilli dans la liesse populaire.
En milieu de matinée, quelques Kinois ont commencé à se rassembler devant l’aéroport, suivis au fil des heures d’une foule de plus en plus dense et impatiente de le voir dans sa « papamobile », qui doit l’emmener jusqu’au centre-ville, à quelque 25 km de là.
« Je ne voulais pas manquer cette opportunité de le voir en face », déclare à l’AFP Maggie Kayembe, la trentaine. « Il prêche toujours la paix où il passe, et la paix, on en a vraiment besoin », ajoute la jeune femme.
Initialement prévue en juillet 2022, cette visite avait été reportée en raison des douleurs au genou du pape de 86 ans, qui se déplace en chaise roulante, mais aussi des risques de sécurité à Goma, dans l’est du pays, une étape finalement supprimée.
Pour son quarantième voyage international depuis son élection en 2013, le cinquième sur le continent africain, le jésuite argentin devrait surtout appeler à faire taire les armes dans un pays rongé par des violences meurtrières et où les deux tiers des quelque 100 millions d’habitants vivent avec moins de 2,15 dollars par jour.
La RDC fait face à la résurgence du groupe armé M23 qui a conquis ces derniers mois de vastes pans de territoire dans le Nord-Kivu, province congolaise frontalière du Rwanda accusé d’ingérence par Kinshasa.
L’est de la RDC compte aussi des dizaines de groupes armés, dont des rebelles islamistes qui prennent pour cible des civils. Cette visite intervient d’ailleurs deux semaines après un attentat sanglant revendiqué par le groupe Etat islamique (EI) dans une église pentecôtiste du Nord-Kivu.
« La République démocratique du Congo souffre, surtout dans l’est du pays, en raison d’affrontements armés et de l’exploitation », a déclaré le pape dimanche lors de la prière hebdomadaire de l’Angélus à Rome, en présentant cette visite comme « un pèlerinage de paix ».
– Veillée et messe géante –
Après une cérémonie d’accueil à l’aéroport, le chef de l’Eglise catholique va se rendre au palais de la Nation, où il doit être reçu par le président Félix Tshisekedi. Il fera ensuite un premier discours devant les autorités, le corps diplomatique et les représentants de la société civile.
« Ce discours va donner le ton, il peut délivrer un message fort auprès des politiques en abordant la question de la corruption », notamment en vue des élections générales qui se tiendront en décembre, souligne Samuel Pommeret, chargé de mission à l’ONG CCFD Terre Solidaire pour la région des Grands Lacs.
Mardi soir, des dizaines de milliers de personnes devraient participer à une veillée de prière à l’aéroport N’dolo de Kinshasa, où elles passeront la nuit, avant une messe géante mercredi matin à laquelle plus d’un million de fidèles sont attendus.
Ces derniers jours, les préparatifs se sont accélérés dans la capitale congolaise, où banderoles et panneaux géants rivalisent de messages de bienvenue pour le premier pape à visiter le pays depuis Jean Paul II en 1985.
Lors de sa visite dans cet immense pays où l’Eglise joue un rôle majeur dans la société et la politique, François rencontrera également des victimes de violences, des membres du clergé et des représentants d’œuvres caritatives.
Dans ses discours, le chef des 1,3 milliard de catholiques devrait aborder, entre autres, le défi du réchauffement climatique et de la déforestation, l’éducation, les problématiques sociales et sanitaires et le soutien à la communauté chrétienne.
Il rejoindra vendredi Juba, capitale du Soudan du Sud, plus jeune Etat du monde et parmi les plus pauvres de la planète.
LRC AVEC AFP