Professeure tuée: l’élève présenté à un juge, le lycée essaie « de reprendre une vie normale »

Des bouquets déposés devant le collège-lycée catholique Saint-Thomas d'Aquin en hommage à la professeure d'espagnol poignardée la veille en classe, le 23 février 2023 à Saint-Jean-de-Luz, dans les Pyrénées-Atlantiques afp.com - GAIZKA IROZ

Le collège-lycée Saint-Thomas d’Aquin de Saint-Jean-de-Luz « essaie de reprendre une vie normale » vendredi, deux jours après la mort d’une professeure d’espagnol tuée par un élève qui a été présenté à une juge d’instruction en vue d’une mise en examen pour assassinat.

L’audition a commencé à la mi-journée au tribunal de Bayonne après la fin de la garde à vue de cet adolescent de 16 ans, qui jusque-là n’était pas connu de la justice et avait de bons résultats scolaires, sauf en espagnol, selon le procureur de la République Jérôme Bourrier.

L’adolescent doit ensuite être présenté à un juge des libertés et de la détention, qui statuera sur la demande de placement en détention provisoire du parquet. Son avocat a prévu de s’exprimer après.

Vendredi matin, à 08H00, les élèves du collège-lycée Saint-Thomas d’Aquin ont à nouveau afflué vers l’établissement, à l’heure de l’ouverture du portail, sous les yeux de trois policiers postés à l’entrée.

De rares élèves avaient une fleur à la main.

« Tous les élèves reviennent aujourd’hui, dans une ambiance toujours très recueillie et un soutien toujours en place, avec la médecine scolaire et les psychologues de l’Education nationale. La cellule d’urgence d’aide psychologique se tient aussi à disposition, pour revenir si besoin », a fait savoir Vincent Destais, directeur diocésain de l’enseignement catholique de Bayonne.

« On essaie de reprendre une vie normale et des enseignements dans la mesure du possible avec les élèves », a-t-il également déclaré à une correspondante de l’AFP.

– « Une petite voix » –

Selon le procureur, le garçon « a mis en avant une petite voix qui lui parle (…), qui l’incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat ».

Il a estimé qu’en l’état actuel des investigations, le mineur « apparaissait accessible à une responsabilité pénale ».

Car si un premier examen psychiatrique a révélé « une forme d’anxiété réactionnelle pouvant perturber son discernement » et « des éléments de dépression », « aucune maladie mentale de type schizophrénie, état maniaque, mélancolie ou retard mental, ni décompensation psychiatrique aigüe » n’ont été décelées à cette heure, selon la même source.

Cet élève de seconde était en cours d’espagnol mercredi quand il a poignardé sa professeure, Agnès Lassalle, 52 ans, avec un couteau de cuisine caché dans un rouleau de papier essuie-tout.

« Suivi par un médecin psychiatre », le lycéen avait fait en octobre « une tentative de suicide médicamenteuse et faisait depuis l’objet d’une prescription d’antidépresseurs », a précisé le procureur.

– Une prof « très dévouée » –

L’adolescent a évoqué des « faits de harcèlement » subis dans son précédent établissement, un collège public de la ville, « une dispute » la veille avec un camarade et a également admis « une forme d’animosité à l’égard de sa professeure d’espagnol ».

Une minute de silence a été observée jeudi après-midi dans les collèges et lycées qui ne sont pas en vacances. La mort de cette enseignante en salle de classe a bouleversé la communauté éducative, un peu plus de deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie décapité par un jeune islamiste radicalisé.

Le ministre de l’Education Pap Ndiaye, qui a respecté ce temps de recueillement avec les élèves d’un collège d’Albertville, a décrit Mme Lassalle comme « très dévouée ».

Elle « adorait ses élèves, aimait son boulot », a de son côté témoigné Stéphane, le compagnon de Mme Lassalle au micro de France Inter. « Et elle était adorée d’eux, il y avait vraiment une relation. »

Rudy, élève de 3e interrogé par l’AFP, a décrit lui aussi Mme Lassalle comme une « prof très gentille », « à l’écoute ».

Une cellule d’urgence médico-psychologique a été chargée d' »accompagner » les élèves qui en ressentent le besoin, de les « rassurer » et les « réancrer dans la réalité », selon sa responsable, Elorri Amestoy, médecin aux urgences psychiatriques de l’hôpital de Bayonne.

Les agressions contre des professeurs sont fréquentes en France, mais l’AFP a recensé moins d’une dizaine de meurtres sur les quatre dernières décennies.

LRC AVEC AFP

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