Retraites: le Sénat se penche sur l’emploi des seniors, forte mobilisation attendue mardi

Le ministre du Travail Olivier Dussopt s'adresse aux sénateurs lors d'une session d'examen du projet de réforme des retraites du gouvernement à Paris, le 2 mars 2023 afp.com - Christophe ARCHAMBAULT

Le Sénat, qui a voté dans la nuit la fin de plusieurs régimes spéciaux, se penche dimanche sur l’emploi des seniors, deux jours avant une nouvelle mobilisation des syndicats qui ambitionnent de mettre la « France à l’arrêt » contre le projet de réforme des retraites.

Les sénateurs, majoritairement de droite, ont voté l’extinction pour les futurs embauchés de plusieurs régimes spéciaux, dont ceux de la RATP et des énergéticiens.

Le Sénat doit ensuite examiner « l’index seniors ». Rejeté mi-février par l’Assemblée nationale, au grand dam du gouvernement, cette mesure prévoit une obligation pour les entreprises de plus de 50 salariés de publier des indicateurs sur l’emploi des plus de 55 ans.

Si les débats avancent pas à pas au palais du Luxembourg, le mouvement social passe lui « la vitesse supérieure » en prévision de la journée du 7 mars, comme l’a appelé de ses voeux le N.1 de la CGT Philippe Martinez dans le JDD.

Les syndicats comptent mobiliser mardi, sixième journée d’action, davantage encore que le 31 janvier, où la police avait recensé 1,27 million de participants et l’intersyndicale plus de 2,5 millions.

De source policière, entre 1,1 et 1,4 million de manifestants sont attendus, dont 60 à 90.000 à Paris.

– « A genoux » –

De fortes perturbations sont prévues dans les transports urbains et ferroviaires, l’ensemble des syndicats ayant appelé à la grève reconductible à la RATP et à la SNCF, à partir de mardi.

« Il y aura de très forts impacts. (…) Pour beaucoup ce sera de toutes façons une vraie galère », a prévenu le ministre délégué aux Transports Clément Beaune sur France 3, qui a appelé ceux qui le peuvent à télétravailler.

Pour la SNCF, « il y aura des jours difficiles. (…) Les choses ne s’arrêteront sans doute pas le 7 mars au soir ou le 8 mars au matin », a-t-il ajouté.

Dans les airs, la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de renoncer mardi et mercredi à 20 à 30% de leurs vols, en prévision de la grève des contrôleurs aériens.

A l’invitation de la CGT, d’autres professions sont appelées à une grève reconductible: raffineurs, électriciens et gaziers, éboueurs, dockers, ouvriers du verre et de la céramique…

Le secrétaire général de la fédération CGT de la Chimie, Emmanuel Lépine, s’est dit prêt à « mettre à genoux l’économie française » pour obtenir gain de cause.

Dans l’énergie, le mouvement a débuté dès vendredi avec des baisses de production dans plusieurs centrales nucléaires comme celle de Gravelines (Nord).

Les enseignants seront aussi à nouveau en grève, parfois de manière reconductible.

Dans le secteur de l’agroalimentaire, la CGT appelle les grands sucriers français à se mettre à l’arrêt à partir de mardi. Même son de cloche dans les abattoirs du groupe Bigard où les syndicats dénoncent des « conditions de travail déplorables » qui « usent les organismes à grande vitesse ».

Les syndicats s’attendent en outre à des initiatives plus inhabituelles: chantiers à l’arrêt, rideaux de magasins fermés, péages ouverts, routes bloquées…

Dès dimanche soir, des routiers envisagent de débrayer avec à la clef des blocages de zones industrielles ou des opérations-escargots.

D’autres mobilisations sont prévues, en parallèle des débats au Sénat, qui s’achèveront quoi qu’il arrive le 12 mars.

– « Moment de rupture » –

Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, sera cette année placée sous le signe d’une réforme des retraites jugée particulièrement injuste pour elles.

L’intersyndicale se réunira dans la soirée mardi pour déterminer les suites à donner à la contestation. La date du 11 a été évoquée, sans être confirmée à ce stade.

Côté majorité et pros-réforme, la risposte s’organise en ordre dispersé en attendant une prise de parole de la Première ministre Elisabeth Borne lundi soir sur France 5.

Le ministre du Travail Olivier Dussopt a défendu samedi dans le Parisien une « réforme de gauche », « sans perdants ».

En marge d’une visite du Salon de l’agriculture, son homologue des Comptes publics Gabriel Attal a haussé le ton, dénonçant des grèves qui vont bloquer les Français « qui triment ». A l’unisson, le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, invité du Grand Jury RTL – Le Figaro – LCI, a jugé dimanche « absolument inacceptable de vouloir mettre la France à genoux ».

Invitée sur Europe 1 dimanche, Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, a martelé que la réforme était « indispensable » pour financer le système.

Les sénateurs sont, eux, favorables à l’examen d’une autre piste. Malgré l’avis défavorable du gouvernement, ils ont voté pour le lancement d’une étude sur un système de retraite mixte par capitalisation, une demande de la droite qui estime que c’est le « meilleur moyen de consolider » le dispositif.

LRC AVEC AFP

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